Parle là-bas la nuit qui crie ses infortunes,
De fantômes peuplée, bruissante de rumeurs,
En appelant peureuse aux éclats de la lune
Pour apaiser les maux qui tourmentent son coeur.

Elle donne aux futaies des noirceurs de squelette,
Fait du moindre animal un cerbère, un dragon,
Accueille des sorciers venus faire des fêtes,
Des monstres se saoulant à d'étranges potions.

Elle prête son masque à des pierrots craintifs
Attirés par ses mots et qui s'y sont perdus,
Réveillés au matin insignifiants, chêtifs
Et, comme prisonniers, lâchement abattus.

Elle abrite en son sein des secrets, des mystères,
Ceux qu'on ne perce pas ou ceux qu'on perce peu,
Jalouse à en mourir de cette aube altière
Embrasant l'horizon de gigantesques feux.

Elle attendra le soir, terrée au creux du jour,
Préparant avec soin de somptueux ébats,
Elle dira la peur, inventera l'amour,
Rougira d'une étreinte ou d'un sanglant combat.

C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière!