LE MEDECIN DES ANIMAUX
Dans une forêt touffue au fond d’un terrier abandonné habitait Bougon le petit médecin des animaux.
Il délivrait les loups pris aux pièges, remettait les pattes cassées des oiseaux, assistait les mamans écureuils pour la naissance des petits et préparait des plantes pour guérir les lapins qui avaient mangés trop d’herbes mouillées.
Il savait manier délicatement de ses petits doigts les vermisseaux et petits insectes.
Il était l’ami de tous.
Une nuit tandis qu’il dormait profondément au fond de son terrier Bougon fut réveillé par une petite voix coassante.
Il avait l’habitude de dormir tout habillé étant appelé à tout heures par les bêtes malades.
Bougon se hissa au bord du terrier, l’herbe était mouillée, le croissant de lune étincelait, il vit à ses pieds la grenouille qui l’attendait.
Elle se dirigea par petits bonds vers le ruisseau, clopinant entre les mottes de terre et les touffes
d’herbes Bougon la suivit en se demandant :
Qu’est-ce qui ne va pas là-bas ? Les oisons et canetons sont éclos, cette rainette ne vient pas me chercher pour quelqu’un de sa famille elle ne sauterait pas de si bon coeur. Était-ce un martin-pêcheur ou un rat d’eau qui est malade ?
La grenouille s’arrêta sur la berge contre une racine de saule. Bougon se pencha au-dessus de l’eau noire et aperçut une truite qui faisait la morte dans les profondeurs.
A lors s’agrippant aux joncs de la rive, il plongea le bras et la tête dans l’eau froide, attrapa la truite et la posa immobile sur la berge.
Ensuite Bougon s’accroupit et fronçant ses gros sourcils il scruta la truite et tâta ses ouïes, puis lui passa légèrement le doigt sur le ventre. La truite se retourna convulsivement. Bougon sourit, il avait compris.
Il ouvrit la bouche du poisson et enfonça deux doigts en retirant avec précaution un petit hameçon qui brillait au clair de lune.
- Tiens voilà ma belle ! te voilà délivrée marmonna Bougon en lançant la truite dans l’eau qui partit en frétillant.
Avant de rentrer il s’arrêta cueillir une poignée de saponaire rose et décida d’aller se laver dans le ruisseau. Lorsqu’il eut fini sa baignade le soleil commençait à poindre à l’horizon, un rond enflammé s’élevait au-dessus de la prairie. C’était l’aube.
Bougon fut saisi d’admiration et dit :
- Soleil tu es un miracle de tous les jours et comment moi si petit je peux voir si grand dans le ciel ! C’est pour moi une fête chaque jour de voir la nature si belle.
Tout en admirant le paysage Bougon se dirigeait vers son terrier et s’apprêtait à y rentrer lorsqu’il entendit plusieurs voix qui venaient de chez lui.
Étonné il se faufila dans son logis et resta muet de saisissement.
Un renard était entrain de creuser un trou sous la table, un blaireau dormait dans la cheminée, un lapin se cachait sous un tabouret et un escargot se promenait de long en large sur son carnet de rendez vous.
Levant les yeux au ciel pour marquer son indignation il aperçut une chauve souris accrochée la tête en bas sur sa corde à linge.
A avec un rire étouffé il scruta tout son logis s’attendant à y trouver d’autres bêtes, en effet il découvrit un hérisson roulé en boule dans une casserole et une sauterelle dans son lit !
- Eh bien mes amis vous ne manquez pas d’aplomb qui vous a invité ?
Bougon habitué à entendre des hurlements et des vociférations fut assourdi par le concert épouvantable qui lui répondit.
Chacun essayait de s’expliquer plus fort que l’autre :
- Mon terrier s’est écroulé glapit le renard
- Mon frère à été cloué sur la porte de la grange, il vit encore cria Roussette la chauve souris en s’accrochant au chapeau de Bougon.
L’escargot laissant de grandes traînées de bave dit :
- Je viens pour ma cousine on lui a cassé sa coquille et elle est à moitié écrasée dépêches toi !
Le blaireau fixait Bougon de ses yeux ronds et lui cria quelque chose mais dans le vacarme assourdissant Bougon ne comprit pas, c’est que chaque animal parlait dans sa langue et personne ne comprenait rien.
- Silence ! ne perdons pas de temps, chacun son tour !
Allons Roussette accompagnes moi à la grange c’est le plus urgent.
- Et ma cousine ! pleura l’escargot
- Et mon terrier gémit le renard
- J’ai une patte cassée dit la sauterelle
- Je m’occuperai de vous les uns après les autres, un peu de patience dit le médecin en repoussant les animaux qui lui barrait le passage et il s’éloigna dans le petit jour conduit par la chauve souris.
Bougon est très vieux mais il a toujours assez de force pour grimper secourir les oiseaux en haut des arbres, plonger dans le torrent pour soigner les poissons et quand il a le temps il fume une pipe de feuilles sèches en remuant des souvenirs de jeunesse avec les corbeaux centenaires.
Un jour Bougon eu une jambe écrasée par un gros bloc de pierre qui s’était détaché en allant soigné une biche blessée par des chasseurs. Il avait remplacé sa jambe par un bout de bois et clopin-clopant
il continua de parcourir la forêt pour venir en aide à ses amis
Mais cela devint de plus en plus dur pour lui son habileté d’autrefois s’en allait doucement et il songeait à tout cela en sifflant avec les merles et en écoutant le rossignol chanter.et en écoutant le rossignol chanter.
Je devrai prendre une assistante pour m’aider et lui apprendre tout ce que je sais, sinon mes petits amis vont être très malheureux lorsque je ne pourrai plus bouger.
Il alla voir Girolette qui habitait un gros champignon et lui fit part de ses problèmes.
- Tu sais Bougon que tu peux tout me demander et je serai très heureuse de pouvoir apprendre avec toi à soigner les animaux.
Ils allaient ensemble cueillir les simples dans la montagne et il lui expliquait la propriété de chaque plante ainsi que la fabrication des onguents, il lui montra comment faire une attelle aux papillons, comment aider une biche à mettre son faon au monde et surtout comment être à l’écoute de la misère des animaux de la forêt.
Girolette apprenait très vite et bientôt elle fut aussi habile que son maître.
Bougon put enfin prendre sa retraite et savourer pleinement les joies de la nature qu’il aimait tant !